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Madeleine Delbrel

MADELEINE DELBRÊL – 1904-1964  GRANDE FIGURE DU VAL-DE-MARNE

UN PARCOURS DE CONVERSION ET D’ENGAGEMENT

24 octobre 1904 : naissance à Mussidan en Dordogne  
Madeleine Delbrêl est gasconne, ce qui éclaire son fort tempérament et son intelligence pétillante et pleine d’humour. Elle est née dans une famille « faite de tout » : sa mère est de la petite bourgeoisie ; son père, qui fait une carrière réussie de cheminot, est un autodidacte passionné de littérature. Fille unique, Madeleine est élevée chrétiennement par ses parents qui ne pratiquent pas, mais sa ferveur est vite balayée à l’adolescence au contact de milieux agnostiques où l’introduit son père et à 15 ans elle se dit « strictement athée ». Poète et artiste, elle joue du piano et aime danser, mais trouve la vie absurde. Au bal de ses 18 ans, on la croit fiancée à un centralien, Jean Maydieu, qui la quitte brusquement et entre chez les Dominicains.

29 mars 1924 : conversion « violente »
Cette rupture la plonge dans la solitude et la détresse, mais leur rencontre avait déclenché en elle une recherche intérieure et, finalement, une conversion l’année de ses 20 ans dans un éblouissement qui ne la quittera plus, même dans les périodes de fragilité physique et psychologique. Elle poursuit une carrière poétique, encouragée par le prix Sully Prudhomme, puis s’engage dans le scoutisme. C’est qu’entretemps elle a rencontré, à la paroisse St Dominique à Paris, l’abbé Jacques Lorenzo qui devient son directeur spirituel (il le restera jusqu’à sa mort en 1958). En recherche de vocation, elle s’oriente vers une vie communautaire au milieu « d’hommes incroyants et pauvres. »

15 octobre 1933 : départ à Ivry
Il faut souligner le caractère très évangélique de ce départ avec deux compagnes à Ivry, banlieue ouvrière rouge, et surtout de cette petite communauté sans statut canonique et sans règle sinon l’Evangile. Le groupe, qui est rattaché à l’archevêque de Paris, prend le nom de « La charité de Jésus » et l’on y vit en simples laïques, mais avec radicalité, les conseils évangéliques. Pendant 12 ans, Madeleine se déploie dans le métier d’assistante sociale où elle est appréciée pour sa compétence comme en témoignent ses responsabilités à la Mairie d’Ivry et dans le canton, ainsi que ses écrits professionnels. Elle découvre le dévouement des militants communistes (se liant d’amitié avec certains), mais aussi l’incompatibilité de la foi chrétienne avec le marxisme.

Octobre 1945 : démission de la Mairie et nouvelle disponibilité à l’Eglise
Après un engagement professionnel très fort pendant la guerre et à la Libération, Madeleine est sollicitée par les responsables communistes de la ville pour poursuivre son travail social et intensifier sa collaboration. Mais, après un temps de discernement, elle démissionne du service social de la Mairie et se recentre sur la vocation de départ de sa communauté qui est à la fois contemplative et apostolique. De cette époque datent de nombreux écrits inspirés sur la vie chrétienne en plein monde. Elle se rend disponible, dans leur maison de la rue Raspail, à toutes sortes de gens, soulage les détresses et combat l’injustice. Ses contacts étroits avec la Mission de France et la Mission de Paris, ses échanges avec son ami le Père Jacques Loew lui font traverser douloureusement la crise des prêtres ouvriers. Encouragée par Monseigneur Veuillot, elle publie en 1957 son livre Ville marxiste terre de mission, fruit de son expérience missionnaire à Ivry dont elle témoigne également par de nombreux articles et conférences. Elle est aussi consultée lors de la préparation du Concile Vatican 2.

13 Octobre 1964 : mort subite à sa table de travail
Brûlée par une vie de charité, de disponibilité à tous et, également, de souffrances, travaillant beaucoup y compris la nuit, elle décède subitement à quelques jours de ses 60 ans. Deux recueils de textes d’elle sont alors réunis par ses proches et publiés aux Ed. du Seuil : les célèbres Nous autres gens des rues (1966) et La Joie de croire (1968). Mais son œuvre d’écrivain est immense et la publication de ses Œuvres complètes démarre l’année du centenaire de sa naissance en 2004 ; 10 tomes sont déjà publiés chez Nouvelle Cité, le dernier étant La Question des prêtres ouvriers (octobre 2012). Sa cause en béatification, introduite en 1988, suscite beaucoup d’espérance en France et dans le monde.

TEXTES

POÈTE, ASSISTANTE SOCIALE ET MYSTIQUE

● « Nous autres gens des rues » (1938)

Il y a des lieux où souffle l’Esprit ;
mais il y a un Esprit qui souffle en tous lieux.

Il y a des gens que Dieu prend et met à part.
Il y en a d’autres qu’il laisse dans la masse et qu’il ne « retire pas du monde ». Ce sont des gens qui font un travail ordinaire, qui ont un foyer ordinaire ou sont des célibataires ordinaires. Des gens qui ont des maladies ordinaires, des deuils ordinaires. Des gens qui ont une maison ordinaire, des vêtements ordinaires, ce sont les gens de la vie ordinaire. Les gens qu’on rencontre dans n’importe quelle rue.

Ils aiment leur porte qui s’ouvre sur la rue, comme leurs frères invisibles au monde aiment la porte qui s’est refermée définitivement sur eux.

Nous autres gens de la rue, croyons de toutes nos forces, que cette rue, que ce monde où Dieu nous a mis est pour nous le lieu de notre sainteté.
Nous croyons que rien de nécessaire ne nous y manque, car si ce nécessaire nous manquait, Dieu nous l’aurait déjà donné.

(…) Il nous paraît que l’action, parfaitement accomplie là où elle est réclamée de nous, nous greffe sur toute l’Eglise, nous diffuse dans tout son corps, nous fait disponibles en elle.

Nos pas marchent dans une rue mais notre cœur bat dans le monde entier.

C’est pourquoi nos petits actes dans lesquels nous ne savons distinguer entre action et prière unissent aussi parfaitement l’amour de Dieu et l’amour de nos frères. Le fait de nous livrer à sa volonté nous livre du même coup à l’Eglise que cette même volonté fait constamment salvatrice et mère de Grâce. Chaque acte docile nous fait recevoir pleinement Dieu et donner pleinement Dieu dans une grande liberté d’esprit.

Alors la vie est une grande fête. Chaque petite action est un événement immense où le Paradis nous est donné, où nous pouvons donner le Paradis. Qu’importe ce que nous avons à faire : un balai ou un stylo à tenir ; parler ou se taire ; raccommoder ou faire une conférence ; soigner un malade ou taper à la machine.

Tout cela n’est que l’écorce de la réalité splendide, la rencontre de l’âme avec Dieu, à chaque minute renouvelée, à chaque minute accrue en grâce, toujours plus belle pour son Dieu.

On sonne, vite, allons ouvrir. C’est Dieu qui vient nous aimer. Un renseignement ? le voici : c’est Dieu qui vient nous aimer. C’est l’heure de se mettre à table : allons-y : c’est Dieu qui vient nous aimer.
Laissons-le faire.

Extrait de La sainteté des gens ordinaires, tome VII des O.C Nouvelle Cité 2009. pp. 25-30

● Le bal de l’obéissance (1946)

Seigneur, venez nous inviter.

Nous sommes prêts pour vous danser cette course à faire, nos comptes, le dîner du soir, cette veillée où l’on aura sommeil.

Nous sommes prêts pour vous danser demain la danse du travail, celle de la chaleur, plus tard celle du froid. Si certains airs sont un peu en mineur, nous ne vous dirons pas qu’ils sont tristes ; si d’autres nous essoufflent un peu, nous ne vous dirons pas que c’est insupportable et si des gens nous bousculent nous le prendrons en riant sachant bien que cela arrive toujours en dansant.

Seigneur enseignez-nous la place que dans ce roman éternel amorcé entre vous et nous tient le bal singulier de notre obéissance.

Révélez-nous le grand orchestre de vos desseins, les harmonies où ce que vous permettez jette des notes étranges dans la sérénité de ce que vous voulez. Apprenez-nous à revêtir chaque jour notre condition humaine comme une robe de bal qui nous fera aimer de vous tous ces détails comme d’indispensables bijoux.

Faites-nous vivre notre vie non comme un jeu d’échecs où tout est calculé non comme un match où tout est difficile non comme un problème qui nous casse la tête non comme une dette à payer mais comme une fête comme un bal comme une danse entre les bras de votre grâce dans la musique universelle de l’amour.

Seigneur venez nous inviter.

(Extrait de Humour dans l’amour, tome III des O.C. Nouvelle Cité 2005 pp. 31-32)

● Vie donnée (1946)

L’essentiel de cette vie, ce qui en est la raison d’être et la joie, ce sans quoi elle nous paraitrait vaine est un don de nous-mêmes à Dieu, en Jésus-Christ. C’est d’être dans le monde, enfoui dans le monde, parcelle d’humanité livrée par toutes ses fibres, offerte, désappropriée. Etre des îlots de résidence divine. Assurer un lieu à Dieu. Etre voué, avant tout, à l’adoration. Laisser peser sur nous, jusqu’à l’écrasement, le mystère de la vie divine.

Etre, dans les ténèbres de l’ignorance universelle, des prises de conscience de Dieu. Savoir que là est l’acte salvateur par excellence ; croire de la part du monde, espérer pour le mode, aimer pour le monde. Savoir qu’une minute de vie chargée de foi, même dépouillée de toute action, de toute expression extérieure, possède un génie de valorisation, une puissance vitale que tous nos pauvres gestes humains ne pourraient remplacer.

(Extrait de Communautés selon l’Évangile, Ed. du Seuil p. 28)

ACTUALITÉS

2014 : ANNÉE DU CINQUANTENAIRE DE LA MORT DE MADELEINE DELBRÊL

Dix ans après le centenaire de sa naissance, qui avait donné lieu à de très nombreuses célébrations et à une impressionnante médiatisation, nous fêterons l’an prochain le cinquantième anniversaire de la mort de Madeleine. Plusieurs publications chez Nouvelle Cité marqueront l’événement : en février celle d’une nouvelle biographie préfacée par Mgr Michel Santier et écrite par les Pères Gilles François et Bernard Pitaud – Madeleine Delbrêl, poète, assistante sociale et mystique – et en octobre celle de deux nouveaux tomes des Œuvres complètes. Le tome XI sera préfacé par Mgr Claude Dagens et consacré à la réédition de Ville marxiste, terre de mission et le tome XII, dernier volume des écrits missionnaires, comprendra des textes sur l’apostolat en milieu marxiste.

Plusieurs commémorations sont également prévues :

  • Le synode diocésain sera ouvert en octobre sous le patronage de Madeleine Delbrêl.
  • Un pèlerinage d’un jour à Ivry sera organisé par la Direction des pèlerinages avec passage à la maison du 11 rue Raspail.
  • Des célébrations religieuse et laïque sont prévues à Ivry. – Un colloque théologique international, présidé par Mgr Claude Dagens, se tiendra les 17 et 18 octobre à l’Institut Catholique de Paris pour mesurer l’apport théologique de Madeleine et son rayonnement dans le monde.

ÉDITORIAL

LA MAISON DE MADELEINE DELBRÊL À IVRY, UN LIEU FORT DE NOTRE DIOCÈSE

Tout au long de l’année, depuis près de 50 ans, des groupes de jeunes et d’adultes souvent originaires de l’étranger, des évêques, des religieux et des prêtres, des amis et des chercheurs de Dieu de toutes sortes viennent visiter à Ivry la maison Madeleine Delbrêl pour puiser aux sources de sa spiritualité une inspiration pour leur vie. Ils témoignent, s’il en était besoin, que cette maison de Madeleine est un lieu fort pour l’Eglise du Val-de-Marne qui en Madeleine Delbrêl recèle un joyau de toute l’Eglise.

Elle a conscience que cela lui donne une responsabilité. La maison est aujourd’hui en mauvais état et des travaux de rénovation sont nécessaires pour assurer son avenir. Je me réjouis qu’un partenariat entre le diocèse de Créteil, l’association des Amis et la mairie d’Ivry soit sur le point d’être conclu ce qui permettra le lancement des travaux d’ici la célébration du cinquantenaire de la mort de Madeleine en octobre 2014.

Je me joins à l’association des Amis de Madeleine Delbrêl pour vous inviter chacun et chacune à contribuer à ce projet d’avenir. La maison restera ainsi un “lieu de vie et d’accueil”, un “lieu de mémoire” et un “lieu de rayonnement” pour la spiritualité et l’œuvre de Madeleine Delbrêl.

Par Mgr Michel Santier

BÉATIFICATION

UNE RÉPUTATION DE SAINTETÉ GRANDISSANTE

Par une béatification, l’Eglise catholique attire l’attention des chrétiens et des hommes de bonne volonté sur un homme, une femme, qui a vécu saintement dans un coin du monde. Une vie qui étonne, qui dérange, qui stimule et ouvre à Dieu et aux autres. Au terme d’un processus plus ou moins long d’authentification, le Pape béatifie celui dont la réputation de sainteté a grandi depuis le décès. Celle de Madeleine avait déjà commencé de son vivant et elle n’a cessé de croître depuis 50 ans, en Allemagne, en Italie, en France et maintenant en Espagne. Un travail méthodique de recherches et de publications, de présentation et de diffusion est bien engagé. Des amis s’emploient à la faire connaître. Des gens la découvrent, parfois un peu par hasard, et, à leur tour, la diffusent. Une enquête sur un miracle est en cours. Ce qui est saisissant chez Madeleine, c’est à la fois la sainteté de sa vie et de ses écrits.

Par le Père Gilles François, Postulateur de la Cause en béatification.

Prière pour la béatification

ASSOCIATION

ASSOCIATION DES AMIS DE MADELEINE DELBRÊL

Créée en 1966, moins de 2 ans après la mort de Madeleine, elle a son siège dans la maison du 11 rue Raspail à Ivry. Sa mission est de diffuser la pensée et l’œuvre de Madeleine Delbrêl par toutes sortes de moyens, en particulier en publiant ses Œuvres complètes. Elle relie entre eux un important réseau d’amis fidèles à l’échelle internationale : environ 500 « Amis » en France, Allemagne, Italie et en de nombreux autres pays. Une demande de reconnaissance d’utilité publique est en cours pour donner plus d’ampleur à l’association et accroitre ses moyens d’action alors que sa notoriété ne cesse de croitre. Le Président de l’Association est le Père Gilles François qui est aussi Postulateur de la cause en béatification.

Association des Amis de Madeleine Delbrêl (A.A.M.D.) 11 rue Raspail 94200 Ivry-sur-Seine – tél 01 49 60 14 48 – courriel : amis.madeleine.delbrel@wanadoo.fr

VIDÉOS-SPECTACLES- EXPOSITION

Pour en savoir plus : www.madeleine-delbrel.net (site des Amis de Madeleine Delbrêl)

Prière pour la béatification

Copyright Responsable Equipes Madeleine Delbrêl ; travaux sur photo J. Faujour

Madeleine Delbrêl, poète, assistante sociale et mystique” par Gilles François et Bernard Pitaud avec préface de Mgr Santier (sortie février 2014)