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40 ans de vie consacrée au Christ : anamnèse diocésaine d’Isabelle Parmentier

Le 16 novembre 2020 Isabelle Parmentier fêtait sa 40ème année de consécration.

Première vierge consacrée du diocèse de Créteil, Isabelle Parmentier s’adresse à chacun d’entre nous, afin de nous faire part de son engagement et sa passion à annoncer l’Evangile et ce à travers les différents diocèses et différentes missions confiées.

Poitiers. Novembre 2020

Chers amis, chers frères prêtres

Je pense à vous, en ce temps éprouvé où il nous faut vivre une pastorale inédite. Ce second confinement nous fragilise, nous inquiète, avec beaucoup d’incertitudes. Je vous espère en bonne santé et avant tout confiants.

Cette lettre de ma part, est un peu originale… mais j’ose. La météo maussade de novembre n’incite guère à la fête, et pourtant, je vous invite simplement à un temps de communion et d’action de grâce avec moi, sûre que vous serez sensibles à ma joie en ce jour anniversaire. En effet, il y a 40 ans, le 16 novembre 1980, à Maisons-Alfort, dans le diocèse de Créteil, je prenais le risque de m’engager pour toujours dans la vie consacrée. Un pari fou ! Comme pour votre ordination, dans le mariage ou la vie religieuse, nos « Oui » prononcés en ces jours de fondation sont en vérité un acte de confiance radical. On se donne à Dieu, dans l’Eglise, sans rien voir, ni savoir de l’inconnu, avec comme unique certitude, la promesse de Dieu : « Je serai toujours avec vous. » Quoiqu’il arrive. Vraiment quoiqu’il arrive…

40 ans… le temps d’une génération, comme Israël au désert, pour se laisser recréer. Mon histoire, comme la vôtre, sans doute – n’a pas été un long fleuve tranquille, mais pas un désert non plus. Que de belles choses à relire, dont les multiples collaborations ecclésiales avec vous et d’autres.

En principe, liée au diocèse d’origine – Créteil – j’ai eu de manière imprévisible une vie missionnaire itinérante au gré des appels, traversant 4 diocèses et changeant 7 fois d’évêques référents, dont les deux premiers sont nés au ciel. Ces 40 ans m’ont conduite en des lieux très divers : du Val-de-Marne à Angers, de l’Enseignement catholique au diocèse de Versailles, de l’aumônerie du Val fourré à la Catho de Paris, jusqu’au Poitou où Mgr Rouet m’a appelée en septembre 2006, pour l’annonce de la foi, 14 ans déjà. Que de souvenirs et de liens tissés, dans des missions très variées, plus ou moins faciles, avec des joies, des luttes et des épreuves, des surprises et des temps d’accomplissement. Femme dans l’Eglise n‘est pas simple, vierge consacrée non plus. Mais non, « rien de rien, je ne regrette rien » ! Avec vous, je vis d’action de grâce.

Depuis cinq ans de retraite active, ancrée dans l’actualité, toujours engagée au service des familles, avec des frères et sœurs homosexuels dans une pastorale de l’amitié et de la dignité, je reste sensible avec vous aux « signes des temps », et m’efforce d’inventer chaque jour autrement cette consécration insolite.

Où et comment Dieu nous conduira-t-il encore ?

Je ressens aujourd’hui plein de gratitude envers vous, pour votre foi et votre vie donnée, pour les partages qui nous ont enrichis et continuent de nous faire vivre, pour les bons et heureux moments de mission partagés. Merci à chacun de votre amitié et de supporter mon caractère. L’Eglise m’a chahutée, elle nous chahute… mais la Parole de Dieu peut évangéliser même l’Eglise, et moi la première, avec elle ! Sans échange, sans confiance mutuelle, sans des appuis solides, le célibat à long terme reste chose décapante et périlleuse, n’est-ce pas ? Mais ensemble, chacun à sa juste place, dans la lente, laborieuse et obstinée construction de l’Eglise qui nous appelle, nous unit et nous envoie, tout est possible.

J’aurais rêvé célébrer cet anniversaire autrement, en réunissant des amis, ma famille et ma communauté paroissiale. Mais le coronavirus paralyse nos projets. Logés à la même enseigne, nous endurons et partageons la même situation désolante. Patience ! Pour moi, rien de grave. Trop de familles souffrent tellement plus de cette crise interminable. En ce temps de solidarité mondiale avec les pauvres, soyons avant tout… solidaires. Tant pis pour la fête, et vive la fraternité !

Le 15 novembre, à 10h, devant la messe télévisée, seule chez moi mais pas isolée, en union avec nombre d’amis dispersés, j’ai eu envie d’échanger avec vous un signe de paix. Priez pour moi comme je prie pour vous et rendez grâce, comme je rends grâce pour vous. A bientôt, j’espère.

Isabelle Parmentier