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Lettre ouverte de la Pastorale du Travail au diocèse de Créteil

Pour une Église qui s’engage au service de la dignité de la personne

 

Une crise sanitaire qui creuse les blessures infligées à la dignité de la personne au travail

La période de confinement que nous venons de vivre fut vécue de manière différente selon nos situations personnelles, nos fragilités, nos ressources,...

Elle a fortement perturbé notre liberté d’action notamment sur notre environnement, que cette action soit professionnelle, rémunérée ou non. Cette période a permis à chacun de vivre de façon plus intense ce que des millions de concitoyens vivent au quotidien : le chômage, l’absence de relation sociale, la fragilité financière, la surcharge d’activité pour certains, une source de fatigue chez beaucoup, …

Après le déconfinement, heureux de retrouver nos activités, allons nous oublier nos frères et soeurs en difficulté?

Le travail est au cœur de la dignité de la personne

La dignité humaine vient de Dieu et est de Dieu parce que nous sommes créés à l'image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26-27). Cette dignité ne repose sur aucune qualité humaine, aucun mandat légal, aucun mérite ou réalisation individuelle et elle est inaliénable.

« Le mot « digne » lorsqu’il est appliqué au travail signifie un travail qui, dans chaque société, soit l’expression de la dignité essentielle de tout homme et de toute femme : un travail choisi librement, qui associe efficacement les travailleurs, hommes et femmes, au développement de leur communauté ; un travail qui, de cette manière, permette aux travailleurs d’être respectés sans aucune discrimination ; un travail qui donne les moyens de pourvoir aux nécessités de la famille et de scolariser les enfants, sans que ceux-ci ne soient eux-mêmes obligés de travailler ; un travail qui permette aux travailleurs de s’organiser librement et de faire entendre leur voix ; un travail qui laisse un temps suffisant pour retrouver ses propres racines au niveau personnel, familial et spirituel ; un travail qui assure aux travailleurs parvenus à l’âge de la retraite des conditions de vie dignes. » (Caritas in Veritate n°63, Benoît XVI)

Sans travail, une personne ne peut pas subvenir, pour elle-même et sa famille, aux besoins de base qui sont essentiels à la nature humaine : se nourrir, se loger, s’émanciper, devenir autonome et déployer tout son potentiel afin d’advenir au meilleur d’elle-même.
Sans activité, une personne ne peut pas se sentir utile à la société, elle ne peut pas être reconnue dans ses talents, elle ne peut pas apporter sa propre richesse intérieure.
Privée de travail ou d’activité, une personne ne peut pas faire de projets.

Au contraire, le travail ou l’activité permet à tout homme et toute femme d’exprimer sa personnalité, de participer à l’œuvre créatrice du monde, celle qui transcende l’existence individuelle dans un même mouvement collectif.

La qualité d’une société se mesure à la place donnée aux plus petits

« La dimension humaine d'une société se mesure à la façon dont elle traite la fragilité de ses membres » (B. Ugeux dans La Fragilité, faiblesse ou richesse).

Si chacun accueille ce qui est faible ou brisé à l’intérieur de lui, il en deviendra plus riche. Combien de fois avons-nous essayé de dépasser nos fragilités avant d’arriver à les identifier, les accepter, à faire avec, ou à les surmonter ? Nos fragilités ne serviraient-elles pas à nous rendre plus humains tout simplement ? Plus proches des autres en humanité, en fraternité ? Nos difficultés avouées ne favoriseraient-elles pas les élans de solidarité, d’entraide mutuelle ?

Alors, donner une chance à quelqu’un, lui accorder notre confiance, dans le travail, dans des activités responsables, constitue autant de tremplins vers sa dignité d’homme et de femme créé à l’image de Dieu.

Quelle sera la réponse de notre Eglise Diocésaine ?

Il nous semble urgent et nécessaire pour l'Eglise d'étendre son regard, de répondre aux signes des temps et à l'appel du Pape François qui nous invite à sortir pour rejoindre les périphéries et construire des hôpitaux de campagne. Car pendant ce temps, des hommes et des femmes voient leur dignité blessée comme la nôtre a pu être parfois abîmée pendant cette période. Ils voient déjà leurs difficultés s'agrandir alors que les premiers nuages de la crise économique pointent à l’horizon.

Dans le contexte actuel de crise sanitaire et économique mondiale, ces préoccupations sont au cœur de beaucoup de famille, en particulier celles qui n’ont pas ou plus de travail.
Comment notre Église va-t-elle se positionner et s’engager aux côtés de ceux qui ont soif de travail ? qui recherchent un travail qui les rendra plus dignes ? ou qui œuvrent déjà au quotidien pour les personnes les plus fragilisées par l’absence d’un emploi digne et pérenne.
Les acteurs économiques et les entreprises sont au cœur de la dignité humaine en ce qu’elles génèrent et proposent du travail, en ce qu’elles engagent leur responsabilité pour la sécurité et le sens donné au travail.

Dans chacune de nos paroisses, l’Eglise nous entraîne à faire communauté de manière solidaire face à cette crise. Nous souhaitons aller plus loin en mettant l’accent sur la dignité de l’être humain et en nous appuyant sur la Pensée Sociale Chrétienne, qui place le travail au cœur de la dignité de la personne, et en lançant un appel collectif pour une société plus solidaire, au service de nos frères et sœurs, face aux changements économiques en cours.

Notre souhait

Aussi, afin que le Covid-19 ne nous rende pas plus fragiles ou ne nous replie sur nous-même mais augmente en nous l'espérance, la solidarité, et l'Esprit du bien commun, nous invitons chaque paroisse à

Développer une meilleure connaissance des acteurs économiques présents sur sa paroisse

Engager un rapprochement (dialogue, actions) avec ces acteurs économiques

Vivre davantage la solidarité économique, par exemple, en participant au rapprochement entre employeurs et personnes en recherche d’emploi ou en s’inscrivant sur le site Internet

Développer des lieux de parole localement autour du travail pour retrouver le sens de celui-ci

Rejoindre les mouvements, syndicats, ou associations (d’Eglise ou non) existant afin de se mettre en action ensemble

Se former à la Pensée Sociale de l’Eglise pour être aidé par des outils favorisant le discernement en vue d’une action plus juste (option préférentielle pour les pauvres, protection de l’environnement,…)

Participer au Forum Diocésain sur le Travail qui sera organisé le 30 janvier 2021 pour avancer ensemble sur notre territoire et soutenir ceux d’entre nous qui seront le plus en difficulté.

L’équipe diocésaine de la Pastorale du Travail et ses partenaires sont à votre disposition pour réfléchir avec vous et mettre en œuvre ces initiatives (ou d’autres). N’hésitez pas à nous contacter. Pastorale du Travail 

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