Attentat du mois d’octobre 2020 : message de l’aumônerie interreligieuse des aéroports de Paris
Message des aumôniers au sujet des attentats du mois d’octobre 2020
Comme chacun, les aumôniers catholiques, israélites, musulmans et protestants des aéroports parisiens sont très choqués par les attentats de ces derniers jours. Les assassinats horribles et barbares de Samuel Paty, professeur, à Conflans Sainte Honorine, de Vincent Loquès, sacristain de la basilique Notre Dame de l’Assomption de Nice, de Simone Barreto Silva et de Nadine Devilliers qui se recueillaient dans la basilique, nous ont tous profondément blessés. Nous voulons ensemble exprimer à leurs familles et à leurs proches notre solidarité, notre compassion et notre fraternité.
Devant la violence de ces assassinats et dénis d’humanité répétés, nous ne pouvons plus nous satisfaire de slogans martelés voire ânonnés. Nous voulons prendre le temps de la pensée et des mots, comme un moyen de redonner du sens à notre résistance et à notre espérance.
Les auteurs de ces attentats ont cru donner à leurs actes abjects une justification religieuse. Nous affirmons, sans ambiguïté, qu’aucune de nos religions ne peut tolérer que des meurtres soient commis en son nom. Nous affirmons aussi que le Dieu dans lequel nous croyons, que nous célébrons et voulons servir, nous appelle à la fraternité avec tous et toutes. Jamais, il ne demande à des hommes et des femmes de le venger d’une quelconque offense. Nous affirmons enfin que de tels actes ne sont pas des preuves de foi et ne comportent aucune qualité spirituelle. Ils sont, à l’inverse, des marques de dérives sectaires et d’idolâtrie qui révèlent l’orgueil et la profonde ignorance des personnes qui les commettent.
Nos religions appellent à l’humilité. C’est en faisant preuve de retenue et de contrôle de soi, y compris lorsqu’ils se trouvent blessés par l’attitude, les propos ou les publications de leurs concitoyens, que les croyants font preuve d’une véritable sagesse spirituelle.
L’ignorance qui conduit aux fanatismes de tous bords doit être combattue par l’éducation et la formation ainsi que par une meilleure prise en compte de la diversité religieuse par nos instances politiques, médiatiques et religieuses. La confrontation à des convictions religieuses diverses et plus encore à des expressions athées, voire anticléricales et antireligieuses, est aussi une nouveauté pour bien des personnes qui rejoignent notre pays. Ceci accroit encore la nécessité du dialogue et de la rencontre entre les religions.
Nous revendiquons haut et fort la liberté de chacun de croire ou de ne pas croire, ainsi que celle d’exprimer jusque dans la provocation ses désaccords, en particulier envers les religions. Il nous semble plus important encore d’apprendre ensemble à dialoguer, à nous découvrir mutuellement et, ainsi, de faire tomber les préjugés de toutes sortes. C’est là notre pratique quotidienne sur les aéroports, dans la collaboration entre aumôniers de différentes confessions.
C’est aussi ce que nous développons dans nos relations avec les passagers et le personnel qui représentent une diversité de confessions et sensibilités plus importante encore. La fraternité entre tous et toutes et le vivre ensemble impliquent nécessairement la rencontre de l’autre dans son humanité partagée ainsi que dans sa différence fondamentale y compris quand celle-ci peut nous bousculer et nous déstabiliser.
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