Don en ligne
Horaires des messes
Annuaire diocésain

Des grandes figures du diocèse

Saint Agoard et Saint Aglibert

A l’occasion du quarantième anniversaire du diocèse, en 2006, les reliques des martyrs de Créteil ont  été installées pour la vénération des fidèles dans la crypte de l’église Saint Christophe. Saint Agoard et saint Aglibert ne sont pas sans importance dans l’histoire de la ville de Créteil.

www.heiligen.net

Depuis quinze siècles et plus, ils n’ont pas quitté la ville et ont attiré de nombreux pèlerins sur la route de Saint Jacques de Compostelle ou des pèlerins venus de Paris se recueillir sur la tombe des martyrs.

La plus ancienne description du culte des martyrs de Créteil remonte au neuvième siècle. Vers 865, le moine bénédictin Usuard, dans son Martyrologe, mentionne Saint Agoard, Saint Aglibert et leurs compagnons. Un texte du Xe siècle, le Martyrium, dont une copie est conservée dans les archives de l’église de Créteil, a été publié au XVIIe siècle. Ce texte, qui doit être soumis à la critique historique mais qui évoque quelques précieuses traditions, peut être ainsi résumé : « Agoard et Aglibert habitaient Créteil, au lieu dit de l’Orme Caillotin. Deux missionnaires, Eodald et Altin, venus de Sens et allant vers Lutèce s’arrêtèrent à Créteil, surpris par la consonance du toponyme « cristolium »(= la clairière sur la crête) avec le nom de Celui dont ils prêchaient le message. Les missionnaires virent un temple où la population s’apprêtait à offrir à ses dieu x un sacrifice. Ils prêchèrent à la foule assemblée la parole du Dieu unique et tout puissant. Deux notables du lieu, Agoard et Aglibert demandèrent à être baptisés avec leur famille. Animés d’un saint zèle, ils ne tardèrent pas à renverser les statues du temple. La nouvelle de la destruction des idoles fut portée au préfet  Agrippinus. Un juge, aussitôt envoyé sur place, fit comparaître les coupables et les exhorta à sacrifier aux dieux romains. Agoard et Aglibert refusèrent avec éloquence et furent, ainsi que leurs compagnons, condamnés à périr par le glaive. Ils auraient été mis à mort au lieu dit « Tabourel ». Quelques chrétiens échappés au massacre recueillirent les corps et les cachèrent. » Agoard et Aglibert portent des  noms d’origine « barbare » en usage depuis déjà plus d’un siècle dans la Gaule romaine. Ils sont vénérés et fêtés au cours des siècles suivants.

La fête de saint Agoard et saint Aglibert est célébrée par des processions les 24 et 25 juin. Ce sont des jours de prière et de repos pour tous les cristoliens. Le 31 décembre (jour de la fête des saints Innocents) sont célébrés leurs compagnons.

Leurs reliques sont, vraisemblablement, conservées dans la crypte actuelle située au voisinage du temple païen. A la fin du IXe siècle, une église romane, dédiée à saint Christophe, est édifiée à l’ouest de cette crypte ; Cette église, pourvue au XIe siècle d’un clocher roman, sera remplacée, à partir de la fin du XIIe siècle, par un édifice plus vaste que l’on souhaitait gothique. C’est l’église que nous connaissons. Quelques dates révèlent l’importance des martyrs à travers la vie des chrétiens.

En 1379, une bulle du pape Clément VII encourage le pèlerinage à Créteil en échange d’indulgences. La première confrérie est créée en 1672 pour protéger et honorer les reliques. Le mobilier de l’église se multiplie et s’enrichit : elle reçoit une chaire ornée de panneaux représentant les saints. Au cours du XVIIIème siècle beaucoup de cristoliens reçoivent au baptême le prénom d’Agoard.

Les reliques sont menacées par les guerres civiles qui explosent en France. Mais elles sont toujours protégées comme en témoigne leur histoire. C’est le cas au cours du XVIème siècle, quand éclatent les guerres de religion. Pour être protégées des Huguenots, elles sont habilement cachées dans l’épaisseur d’un mur de l’église.

En 1628, lors de la construction de la sacristie derrière le chevet, elles retrouvent une place honorable dans le chœur de l’église, dans deux niches spécialement aménagées de part et d’autre d’un autel baroque. La Révolution menace saint Agoard, saint Aglibert et leurs compagnons.

En 1793, leurs reliques sont retirées de l’église, devenue lieu de rassemblement populaire, et enterrées par le sacristain Jacques-Noël Viet dans le cimetière voisin. En 1803, après la signature du Concordat, les cristoliens demandent la restauration de la confrérie de saint Agoard et de saint Aglibert.

Les activités de celle-ci s’éteignent progressivement après les années 1870. Pourtant leur souvenir réapparait grâce aux cheminots de la paroisse de saint Rémi de MaisonsAlfort, en 1942. Ils choisissent comme patrons Saint Agoard et Saint Aglibert et obtiennent des fragments des reliques. Leur curé, l’abbé Joulin, les transporte à bicyclette en 1944 !

Les reliques rétablies dans l’église depuis 1795, reçoivent deux nouvelles châsses. Monseigneur de Belloy, archevêque de Paris, y appose les scellés le 20 avril 1807. Saint Agoard et saint Aglibert sont placés dans l’église haute ; leurs compagnons, sont déposés dans le tombeau de la crypte, dans une caissette. Mais en 1906, après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, toutes les reliques sont réunies dans une seule châsse et placées sous la protection du curé (l’abbé Dambrine). Elles ne seront réintroduites dans l’église qu’en 1928 par l’abbé Louis Begin.

En 1964, lors de la transformation de l’église saint Christophe, la majeure partie de son mobilier est dispersé et les reliques disparaissent. Retrouvées quinze ans plus tard dans le grenier de la maison paroissiale, elles sont aussitôt installées dans le tombeau de la crypte.

Crypte de l’église St Christophe à Créteil 

L’ABBÉ PIERRE, LES COLÈRES DE L’AMOUR

La stature nationale et internationale de l’abbé Pierre nous fait oublier parfois ses liens, privilégiés, avec le Val-de-Marne. Né à Lyon en 1912, Henri Grouès fait huit années de noviciat chez les capucins, avant de renoncer à un mode de vie peu compatible avec sa santé fragile. A trente ans, il est prêtre du diocèse de Grenoble où il restera incardiné (rattaché canoniquement) jusqu’à la fin de sa vie. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il est élu à l’Assemblée constituante et cherche à se loger en région parisienne. Il s’installe alors à Neuilly-Plaisance, en Seine Saint-Denis, où il fonde la première communauté Emmaüs en 1949.

UN DEMI-SIÈCLE DANS LE VAL-DE-MARNE

Les événements tragiques de l’Hiver 54 – un bébé puis une femme meurent de froid en région parisienne – et la formidable mobilisation populaire (dite «insurrection de la bonté») qui suit son appel historique du 1er février, sont l’occasion d’un premier contact avec le Val-de-Marne. C’est en effet au Pléssis-Trévise qu’il fait construire la première Cité d’urgence pour les sans-abris, appelée Cité de la Joie. En 1959, après un bref passage à Saint-Maurice, il décide de s’installer au dixième étage du HLM Emmaüs de Charenton-le-Pont, situé au bas de l’avenue de la Liberté. Ses fenêtres ouvrent sur l’autoroute de l’Est et, au loin, sur les toits de Paris. Il y restera jusqu’au milieu des années 1990 alternant, à partir de 1982, séjours à l’abbaye de Saint-Wandrille ou à Esteville et retours à son domicile. En 1995, il aménage à Alfortville, rue Paul Vaillant-Couturier, où se trouvent les locaux d’Emmaüs International. Il y vivra ses dix dernières années.

LA PERSONNALITÉ PRÉFÉRÉE DES FRANÇAIS

Pour les Français qui l’ont désigné dix-sept fois comme leur «personnalité préférée», l’abbé Pierre reste l’apôtre du combat contre la misère et pour le droit au logement. Il est «l’insurgé de Dieu», la voix des sans voix, l’homme libre qui interpelle les responsables politiques, le prophète qui n’hésite pas à dénoncer les situations d’injustice au nom de l’inaliénable dignité de tout être humain. Et son message «passe», car chacun a la conviction que cet homme qui vit pauvrement, dans un modeste appartement meublé de style «Louis caisse» pour reprendre ses propres mots, dit haut et fort ce qu’il pense et va toujours au bout de son engagement, au risque de l’épuisement physique.

DES COMMUNAUTÉS EMMAÜS VÉRITABLEMENT RÉVOLUTIONNAIRES…

Chacun sait qu’il est le fondateur des communautés Emmaus aujourd’hui présentes dans trente-sept pays à travers le monde. Ce que l’on connaît moins, c’est le pourquoi de ce nom. Lorsqu’en 1945 il achète la maison de Neuilly-Plaisance, il en fait d’abord une auberge de jeunesse internationale destinée à accueillir, dans un esprit de réconciliation, de jeunes européens traumatisés par la guerre, les camps de concentration, les bombes d’Hiroshima et Nagasaki… A cette jeunesse «désillusionnée» en quête d’espérance, il offre la symbolique évangélique des compagnons d’Emmaüs, anticipation des vrais «compagnons» des communautés Emmaüs qui verront le jour à partir de 1949.

A ces blessés de la vie, rejetés, convaincus de ne servir à rien, il propose de se joindre à lui pour «servir premiers les plus souffrants». Il ne sait pas alors qu’il initie là un modèle de communauté, qui apparaît aujourd’hui à bien des chercheurs comme réellement «révolutionnaire». Ces hommes ne vivent pas de la charité des autres mais du fruit de leur travail ; eux qui se sont sentis rejetés par la société assurent dignement leur subsistance en «recyclant» les déchets de cette société de consommation ; leur travail leur permet non seulement de vivre, mais de faire accéder les plus pauvres, pour un prix modeste, à des biens qu’ils ne pourraient s’offrir et de soutenir, grâce à leurs gains, des actions de solidarité partout à travers le monde. Telle est aujourd’hui la «charte» des communautés Emmaüs. Peut-on imaginer plus beau témoignage de cette «sobriété de vie» à laquelle l’Eglise nous invite, pour faire face aux défis nouveaux de l’écologie et de la solidarité internationale ?

abbe-pierre-diocese-creteil-02

C’EST DANS L’ADORATION QU’IL TROUVE LE RESSORT DE L’ACTION

Chez les Scouts, l’abbé Pierre avait été totemmisé Castor méditatif. De ce portrait à deux faces, ses compatriotes auront sans doute retenu de manière privilégiée, le «castor bâtisseur», négligeant l’homme d’intériorité, de prière et d’adoration. Or ce que nous révèle la vie de l’abbé Pierre est qu’il ne fut pas d’abord un humaniste, mais un homme «brûlé par Dieu» comme Moïse au Sinaï. C’est à Assise, à l’âge de 14 ans, qu’il ressentit l’éblouissement d’un Dieu d’amour appelant chacun à la liberté d’une réponse d’amour au service de ses frères. «La vie, c’est un peu de temps donné à nos libertés pour apprendre à aimer…» Ce sera le combat de sa vie : «Ne pas se résigner à être heureux sans les autres», persuadé que «Le partage de l’humanité ne se fait pas entre les croyants et les non-croyants mais entre les idolâtres de soi et les communiants.» Et qu’au jour du Jugement, comme nous le révèle le Christ en Mt. 25, il sera d’abord demandé à chacun de nous si, face à celui qui avait faim, qui avait soif, qui était nu, étranger, prisonnier… nous avons été fraternels.

IL A ESSAYÉ D’AIMER…

L’abbé Pierre nous a quittés le 22 janvier 2007. Au cours de l’hommage national qui lui était rendu à Notre-Dame de Paris, lui, le prêtre fondateur d’une association volontairement non-confessionnelle, avait choisi de faire entendre à la France laïque et républicaine rassemblée sous les voûtes de la cathédrale, les paroles mêmes de l’apôtre Paul : «Quand je distribuerais tous mes biens au pauvres et aux affamés… s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien.» Il repose désormais dans le petit cimetière d’Esteville, en pays Normand, au côté de son premier compagnon, Georges et de Lucie Coutaz, sa fidèle secrétaire. Sur sa tombe sont inscrits ces mots : «Il a essayé d’aimer».

exposition Archives du monde du travail

biographie abbé Pierre

 

Photos jointes

Photos © Claude Iverné, extraites de l’album : Quelques pas avec l’abbé Pierre, Albin Michel 2009.

– L’abbé Pierre célébrant la messe à son domicile.

L’abbé Pierre dans la basilique souterraine Saint Pie X, à Lourdes

Ce prêtre a vécu dans le quartier de Villejuif, dans une baraque, au milieu des chiffonniers. Il a été au milieu d’eux témoin du Christ et de l’Evangile, par sa bonté envers les plus pauvres.

Vladimir Ghika, comme l’homme de l’Evangile, était riche. Il est né dans une famille aristocratique, son père était le fils du dernier Prince régnant de Moldavie, l’une des régions historiques qui composaient la Roumanie à son époque.

Mais à la différence du riche qui ne voit pas le pauvre Lazare couché devant le portail couvert de plaies, Vladimir Ghika, lui, ne se voile pas la face devant les pauvres.

Selon Monica BROSTEANU, la rédactrice de la positio, de l’enquête historique sur la vie du bienheureux : « A l’époque, si on ouvrait un hospice catholique, il était réservé aux catholiques. Mais l’hôpital créé par Mgr Ghika, lui, était ouvert à tous. Toute sa vie, il a cherché à unir amour de Dieu et amour du prochain. ».

Ceux qui l’ont veillé, la dernière nuit avant sa mort au camp de Jivala, sont un prêtre orthodoxe, un Hodja musulman, et un étudiant juif. Ce dernier dira de ce prêtre catholique : « il irradiait la bonté. »

Madeleine Delbrel qui a vécu non-loin de Villejuif à Ivry sur seine, en plein milieu populaire, irradiait cette même bonté. Elle dit dans son ouvrage « Nous autres gens des rues » : « Le cœur des hommes de notre temps, s’asphyxie lentement, sournoisement, d’une absence universelle : celle de la bonté.

Aussi, la rencontre d’un homme réellement bon, d’une femme réellement bonne, produit-elle sur d’autres hommes, d’autres femmes, quelque chose qui ne relève pas du domaine de la pensée, un véritable phénomène d’oxygénation du cœur. Ces hommes et ces femmes réalisent que quelque chose d’essentiel à leur vie humaine, est rendu. La bonté, c’est vraiment la traduction du mystère de la charité. ».

C’est ce qu’a vécu ici Mgr Vladimir Ghika, c’est ce qu’il nous invite à vivre à notre tour.

Le Pape François ne cesse de nous inviter à vivre une pastorale de la bonté et de la bienveillance, à prendre soin des blessés de la vie : « Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Eglise aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures, et de réchauffer le cœur des fidèles, la proximité, la convivialité. ».

Une autre dimension de sa vie est la passion de l’unité entre tous les chrétiens.

Baptisé dans l’Eglise Orthodoxe, il a grandi en France, accompagné par une gouvernante protestante, puis se tourne vers l’Eglise Catholique en 1902.

Il est ordonné prêtre à l’âge de 50 ans, sous les deux rites latin et oriental. Le père François Baltaceanu, co-auteur du livre : « Vladimir Ghika professeur d’Espérance. » dit de lui : « il était mu par ce profond désir d’unité dans le Christ, connaissant bien les deux Eglises, il disait d’ailleurs avoir choisi le catholicisme pour devenir meilleur orthodoxe. ».

Avant d’être ordonné prêtre, il s’est déployé comme missionnaire laïc. Le Pape Pie XI l’a envoyé en mission au Japon. Comme à Villejuif, il était habité par un dynamisme missionnaire, qui le poussait sans cesse. Il dit de son passage à Villejuif : « cette période fut la plus riche de ma vie ».

Ceux qui l’ont connu dans cette ville disaient qu’il avait du charisme, et beaucoup d’humour. Tout le monde l’aimait car il était naturel : « il était un très bon guide spirituel, avec l’art d’approcher les gens en douceur. ».

En troisième lieu, Mgr Vladimir Ghika a témoigné du Christ jusqu’au don de sa vie. Au sortir de la seconde guerre mondiale, Vladimir Ghika qui se trouvait alors en Roumanie, a eu la possibilité de quitter le pays, alors que les Bolchéviques prenaient le pouvoir. Il est resté par amour pour son peuple. En 1952, il fut arrêté, torturé, jugé et emprisonné, sous un faux prétexte. Dans une cellule d’environ 5 mètres sur six, il vécut pendant près de deux ans au milieu de 70 détenus. Selon les témoins : « son séjour en prison a été un exemple pour beaucoup. Le courage avec lequel il résista aux humiliations du régime connait toujours un profond écho chez les jeunes, il a revigoré le catholicisme roumain, mais aussi la foi des jeunes orthodoxes de l’époque. »

Il est mort, suite aux mauvais traitements, dans le pénitencier de Jivala.