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Dimanche 1O mars 2024 – Journée mémorielle pour les personnes victimes de violences dans l’Église – Homélie de Mgr Blanchet

Dimanche 1O mars 2024 – Journée mémorielle pour les personnes victimes de violences dans l’Église

Ce dimanche et le jour choisi dans notre diocèse pour faire mémoire douloureuse des abus commis au sein de l’Eglise. Les révélations de ces dernières années nous ont permis d’entendre enfin le témoignage des nombreuses personnes qui ont été victimes de prêtres ou de personnes en responsabilité pastorale.

La première lecture, nous rappelant les abominations commises par “les chefs des prêtres et du peuple”, y fait immédiatement écho en nos cœurs. Comment de tels agissements ont-il pu être possibles ? Le rapport de la Ciase commandité par la Conférence des évêques et la Conférence des religieuses et religieux, guidé par la parole des personnes victimes devenues ainsi témoins, fondé sur des analyses professionnelles, a mis en lumière la dimension de ce drame ainsi que les nombreux processus qui ont de facto rendu possibles ces agressions.

Accueillant l’évangile de ce jour j’emploie à dessein l’expression “ a mis en lumière”, comme fruit de ce travail. En effet, “Celui qui fait le mal déteste la lumière”, nous dit Jésus. Il nous indique que c’est par là-même que s’exerce le jugement : “la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises”. Aujourd’hui c’est bien la lumière du Christ qui nous guide, par la révélation que ces agressions nombreuses ont bien eu lieu, mais aussi en indiquant le chemin de la vraie prévention : faire en sorte que tous nos comportements, nos modes de relation les uns avec les autres soient exposés à la vigilance fraternelle, non par suspicion mais par simple volonté de laisser à la lumière ce qui pourrait préférer les ténèbres pour mal agir.

Dans cette attitude de prévention, il y a comme une acceptation à maintenir dans le cœur de l’église, que, comme communauté humaine, nous sommes capables nous aussi du pire. “Nous aussi”, car nous connaissons mieux maintenant combien ce drame est diffus dans la société. « Nous aussi, Eglise catholique” sommes capables de générer cela. Laisser venir la lumière est le travail auquel nous sommes conduits en toute notre existence, qui demande la confiance à donner dans le Christ. Nous savons bien combien notre cœur porte en lui-même une inclinaison au péché. Il y a comme un acte profond d’humilité que de le reconnaître et que de chercher en tout à vivre dans la lumière du Christ. Lutter contre ce qui s’y oppose dans l’Eglise est une des meilleures façons de lutter contre les abus.

Rappelons-nous comment nous sommes entrés en carême, accueillant ensemble la supplication de Saint Paul à nous laisser réconcilier par Dieu. C’est ce que beaucoup d’entre nous ont vécu ce samedi et ce dimanche. Ils ont fait l’expérience au plus profond de leur cœur de cette parole entendue dans la 2eme lecture : “ Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés.”.

Ainsi, en accueillant notre histoire à la fois personnelle et communautaire comme marquée par le péché, nous ne pourrons pas faire autrement que d’annoncer un Evangile qui libère des ténèbres les plus obscures. Ce fut le chemin de Pierre, ayant d’abord envisagé de rester dans les ténèbres mais accueillant finalement le regard miséricordieux du Christ conduisant au repentir. C’est ainsi que nous pouvons continuer aussi de dire avec Saint Paul : “ Il a voulu ainsi montrer, au long des âges futurs, la richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus.

C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.”

Notons que dans la lettre de Paul, comme dans l’Evangile, tout cela conduit aux œuvres bonnes comme un bon fruit, car vécues dans la lumière du Seigneur. C’est aussi l’encouragement à recevoir de ces passages d’Ecriture.

Alors que les catéchumènes eux-mêmes se confient à la prière de l’Eglise en ce jour, après avoir écouté le récit de l’aveugle-né qui retrouve la vue et qui entend Jésus dire à tous “Je suis la lumière du monde celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres”, redisons donc au Seigneur en cette journée mémorielle pour les personnes victimes de violences dans l’Église, notre volonté de demeurer dans sa clarté.

Demandons-lui au cœur de ce carême, dans notre montée vers Pâques, la grâce de voir ce qui pourrait rester dangereusement dans les ténèbres, afin de l’exposer avec courage à Sa lumière. “Celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu.”

+ Dominique Blanchet