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Lettre du pape François aux mouvements populaires

Lettre de François aux mouvements populaires,
un texte à savourer

 

Un texte qu’il faut absolument lire : il est court, fort et novateur !

D’abord le titre.

C’est une lettre, d’où son caractère familier, qui commence par chers amis – on sent que François s’adresse à des gens qui lui sont chers et dont il se sent proche – et qui se termine par un fraternellement qui n’a rien de protocolaire. Enfin cette lettre est adressée aux mouvements et organisations populaires ! C’est une triple reconnaissance :

+ Reconnaissance des mouvements qui fera chaud au cœur de tous ceux et celles qui ont été formés par les mouvements (l’ACE, la JOC, le scoutisme, le MRJC, le MEJ…) et dont la vie ecclésiale est structurée par leur vie en mouvement,

+ Reconnaissance des organisations que le peuple se donne pour défendre ses droits, pour agir collectivement, pour vivre l’entraide et la solidarité, pour construire un monde plus fraternel, qu’il s’agisse de coopératives, de mutuelles, de syndicats et d’associations de toutes sortes,

+ Reconnaissance enfin des milieux populaires si invisibles qu’on les oublie facilement ou qu’on se contente souvent d’assister sans tenir compte de la culture et de l’expérience dont ils sont porteurs.

Ensuite la date.

François envoie cette lettre le 12 avril, le jour de Pâques ! C’est le jour le plus important de l’année chrétienne, le jour où l’évêque de Rome adresse un message et une bénédiction urbi et orbi (= à la ville et au monde). Et ce jour-là, en pleine pandémie, il veut s’adresser aux mouvements et organisations populaires qu’il a déjà rencontrés trois fois, pour leur dire : aujourd’hui, je tiens à vous dire que je suis à vos côtés.

Le ton

Nombreuses sont les phrases qui commencent par vous êtes pour souligner non seulement ce qu’ils subissent (vous êtes une armée invisible, vous n’êtes pas reconnus, vous êtes considérés avec méfiance, vous avez été privés des bénéfices de la mondialisation…) mais surtout ce qu’ils sont capables de faire (vous êtes des poètes sociaux, vous apportez des solutions dignes, vous revendiquez vos droits ; vous avez une culture, une méthodologie mais surtout une sagesse ; vous êtes des bâtisseurs indispensables, vous avez une voix qualifiée, vous connaissez bien les crises et les privations…).

Le regard est reconnaissance au sens de gratitude pour ce que lui, le pape, reçoit d’eux : Votre attitude m’aide, m’interroge et m’apprend beaucoup. Mais c’est aussi un regard qui reconnait leur place et leur valeur : Je veux que vous sachiez que notre Père céleste vous regarde, vous apprécie, vous reconnaît et vous soutient dans votre choix !

Enfin, François encourage ses amis des mouvements populaires à continuer la lutte et à prendre toute leur place pour construire « l’après ».

Une connaissance de l’intérieur.

François montre qu’il connaît les milieux populaires de l’intérieur dans deux passages. D’abord quand il décrit les actions menées, en particulier par les femmes dans les cantines communautaires (un délicieux ragoût pour les enfants avec deux oignons et un paquet de riz !) ou par les paysans qui produisent de la nourriture sans détruire la nature. Ensuite quand il désigne nommément tous ceux d’entre eux qui vivent au jour le jour, sans salaire fixe : les vendeurs ambulants, les recycleurs, les forains, les petits paysans, les bâtisseurs, les couturiers…

Un salaire universel.

C’est justement à propos d’eux que François saisit cette occasion pour lancer l’idée d’un salaire universel qui reconnaisse et rende leur dignité aux nobles tâches irremplaçables que vous effectuez. On pense aux « premiers de corvées » qui se sont révélés durant cette crise. Salaire et non pas revenu universel, car il s’agit de reconnaître un travail qui se fait. Universel et non pas seulement pour les exclus. Et surtout, un droit pour les travailleurs car il n’y a pas de travailleurs sans droits.

Jean-Pierre Roche.

27 avril 2020.

Lettre de François aux mouvements populaires Texte intégral en français