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« L’Evangile nous invite à prendre part au dialogue interreligieux », article La Croix paru le 18 octobre

Propos recueillis par Guillemette de Préval 

Délégué diocésain aux relations avec les musulmans, le diacre Yves Brisciano coordonne, dimanche 27 octobre, un rassemblement interreligieux à Créteil pour célébrer les 800 ans de la rencontre entre saint François et le sultan, à Damiette.

 

« Lorsque la famille franciscaine a souhaité célébrer, partout en France, le 800e anniversaire de Damiette, l’idée était que l’un des événements (1) s’ancre dans la vie d’un diocèse et soit médiatisé. Ils ont assez rapidement pensé à Créteil car la présence musulmane, mais aussi judaïque et bouddhiste, est importante dans ce diocèse. Beaucoup d’actions sont menées en faveur du dialogue interreligieux et cette journée de rencontre sera une belle image de ce travail. Lorsque l’évêque m’a contacté pour aider à l’organisation de cette journée de rencontre, j’ai tout de suite accepté ! À tout ce qui contribue au dialogue interreligieux et à la rencontre, je dis oui. L’Évangile nous y invite.

La rencontre de saint François avec le sultan, à Damiette en Égypte, est une preuve parfaite de cette invitation. Aller à la rencontre d’un sultan musulman, en pleine croisade, c’est insensé ! Et pourtant, il y est allé, sans crainte. Chacun est ressorti grandi de cette rencontre. Il nous livre ce message : l’autre, aussi différent soit-il, est aussi mon frère. Il faut l’aimer, comme nous l’enjoint le Christ dans son commandement, ô combien difficile à appliquer, “Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés”.

J’ai depuis longtemps une empathie envers le monde arabe et musulman. Par continuité familiale, car je suis né en Algérie. Ma famille s’est ensuite installée à Marseille. Lorsque je travaillais à la RATP, j’ai soutenu le mouvement des nettoyeurs du métro, dont beaucoup étaient issus de l’immigration. Je m’y suis fait des amis musulmans. Je me suis mis à lire beaucoup sur les peuples arabes. J’ai aussi appris à lire et écrire l’arabe. J’ai dévoré les écrits de Christian de Chergé.

Connaissant mon histoire, l’évêque m’a proposé, en 2010, de prendre en charge le dialogue avec les musulmans. Là encore, je n’ai pas hésité longtemps. C’est un grand bonheur. Cette mission m’a ouvert l’esprit et le cœur. Quand je vois avec quelle profondeur et quelle régularité mes frères musulmans prient, cela m’interroge et, mieux même, cela m’aide à entrer en contact avec Dieu. Je le constate aisément au sein des couples islamo-chrétiens que j’accompagne au mariage en tant que diacre.

Bien sûr, nous avons vécu des moments malheureux. L’assassinat du père Jacques Hamel a eu une grande résonance dans le diocèse. Beaucoup de musulmans nous ont témoigné de leur peine. Certains sont même venus spontanément à la messe d’hommage, c’était beau ! Mais il ne faut pas être idéaliste. J’ai reçu des messages de haine de personnes opposées à mon travail. Ces dernières années, plusieurs familles sont venues me voir, après avoir découvert que leur enfant s’était converti à l’islam. Cela engendre des incompréhensions, des souffrances, et parfois, une rupture du dialogue. C’est un travail de patience et d’écoute. Il faut le mener avec prudence, mais il faut oser l’affronter. Assez vite, en faisant l’expérience de la rencontre avec l’autre et en prenant soin les uns des autres, les barrières tombent. »