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Journée mondiale du migrant et du réfugié : témoignage de Mamdian

Mamdian 2

Témoignage donné à Notre-Dame de Créteil le 24 septembre 2023

Bonjour Mamdian. Tu es originaire de Guinée Conakry et tu es arrivée en France le 1 janvier 2020. En quelques mots, peux-tu nous dire quel a été ton parcours en Guinée ?
Je suis née dans un village,  Dioumtou en Guinée. J’ai été mariée à l’âge de 14 ans, mon mari travaillait dans une entreprise de bâtiment à Conakry où je suis allée vivre. J’ai eu mon premier enfant à 16 ans. J’en ai eu 6 mais 2 sont morts.
Moi, j’étais gérante d’un magasin de bijoux. Je m’occupais aussi d’une association pour des petites filles pauvres pour qu’elles aillent à l’école et contre l’excision. Au début, les petites étaient 10, à la fin 40.

Et qu’est ce qui t’a amené à migrer en France ?
Mon mari était un opposant politique. On m’avait demandé d’être la marraine, ça veut dire que, quand il y avait une manifestation, je préparais un repas pour tous avant la manifestation, chez nous. C’est pour ça que le chef de quartier était très en colère contre moi et mon mari. Même mes enfants étaient attaqués à cause de ça.
Le 26 octobre 2018, les forces de l’ordre sont venues dans notre maison. Ils ont frappé fort mon mari jusqu’à ce qu’il tombe dans le coma. Il est mort après à l’hôpital. Les enfants criaient. Moi, j’ai été en prison, pour la deuxième fois. Dans la prison, il n’y avait pas de fenêtre. En prison, j’ai subi des violences, des viols.
Heureusement, un ami travaillait dans la police. Il m’a fait sortir en ayant payé beaucoup pour ça.

Et ensuite, tu es restée en Guinée ?
Non, j’étais recherchée et je suis partie au Sénégal.
J’avais peur, je ne sortais pas.
Une dame m’a proposé un passeport en payant. Je suis venue en France.

Une fois arrivée en France, qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
J’ai dormi deux jours à l’aéroport. Un monsieur m’a amené jusqu’à l’hôpital Henri Mondor. J’ai dormi sur un banc une semaine et une dame m’a dit d’aller à France Terre d’Asile. Ils n’ont pas pu me loger tout de suite, j’ai dormi à la gare du Nord plus d’un mois et puis j’ai été ensuite logée dans un Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile.

Sur ce chemin qu’est ce qui t’a particulièrement aidée ?
A un moment, j’ai rencontré une personne, qui est devenue mon amie.
ça m’a permis de remonter et ça continue à m’aider, par l’amitié. Elle m’envoie aussi vers des associations qui m’aident beaucoup.
Avant, j’avais peur.  Maintenant j’ai moins peur et j’ai pu un peu vivre avec mon passé pour pouvoir avancer.
Et puis, je suis musulmane, je connais Dieu, je ne veux pas faire quelque chose que Dieu ne veut pas. Je prie tous les jours. Et Dieu aussi m’a beaucoup aidée. Je ne pouvais pas m’en sortir sans lui.

Et maintenant ?
Maintenant, j’ai eu le statut de réfugié.
J’habite dans un petit studio à Champigny avec mon compagnon. Je travaille et fais des ménages à Choisy le Roi dans les parties communes des immeubles depuis 2 ans. J’envoie de l’argent à mes enfants pour qu’ils puissent aller à l’école. C’est payant.

Qu’aurais tu envie de nous dire, à nous qui ici, d’une façon ou d’une autre, sommes en contact avec des personnes migrantes ?
Si vous rencontrez une personne migrante, il faut rester en contact avec elle pour l’amitié et l’aide.

Quels sont tes désirs, tes projets pour l’avenir ?
Je souhaite faire venir mes enfants et j’ai encore besoin de beaucoup d’aide pour les papiers par exemple, pour les faire venir. C’est très compliqué et très long.
Je souhaite aider mes enfants pour qu’ils puissent avoir un avenir et aussi j’ai envie de pouvoir remercier beaucoup tous ceux qui m’ont aidée.