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La commission migrants et réfugiés des diocèses d’Ile de France à Calais à la rencontre des personnes migrantes

sur le quai de la gare à Calais

A Calais, c’est moins de la charité que de rendre justice

La commission migrants et réfugiés des diocèses d’Ile de France est allée à Calais en avril dernier à la rencontre des personnes migrantes qui rêvent leur avenir en Grande Bretagne mais sont bloquées dans des conditions terribles et de ceux à leur côté qui s’organisent pour rendre leur dignité à ces hommes, ces femmes, ces enfants qui ont fui leur pays.

Nous avions décidé ce court séjour pour voir par nous-même comment certains, face à l’inhumanité de nos politiques migratoires répondent par leur présence et actions pour remettre de l’humanité. Et aussi de manifester notre solidarité, comme l’a exprimé Juliette du Secours catholique : « Merci de vous intéresser à nous, on se sent moins seul ».

Mgr Leborgne, évêque d’Arras et son service de la pastorale des migrants (Alain et Stéphane) nous ont bien aidés à organiser ce périple.

En quittant tout, ces « personnes exilées », la plupart jeunes, ont choisi la Vie mais n’ont pas imaginé que d’autres humains plus favorisés qu’eux, ne voudraient rien partager et même s’organiseraient pour leur rendre la vie impossible. La France (pays des droits de tous les hommes ?)

En revanche, que de belles rencontres sur ce territoire battu par le vent et une mer sauvage, encerclé par des grillages et fils barbelés pour limiter au maximum les départs vers l’Angleterre. Des bénévoles, des volontaires, des salariés de diverses associations confessionnelles ou non qui, jour et nuit, s’organisent afin de rendre à ces exilés, une vie plus digne. Ils vont vers ces jeunes, ces familles qui attendent de construire une vie meilleure. Nous avons été émerveillés de leur joie de se rencontrer et s’accueillir mutuellement.  Ils sont une oreille attentive à leurs questions, demandes. Ce sont des accueils de jour, des maraudes de nuit, des aller vers… pour leur permettre de recharger leur téléphone, remplir leur jerrican d’eau, faire un brin de toilette, donner de quoi se couvrir face au froid mordant.  Et, ensemble, ils partagent leurs cultures. D’autres accueillent et hébergent des femmes et enfants pour un temps plus ou moins long de répit. Les femmes peuvent enfin cuisiner pour leurs enfants et partager avec ceux qui les accueillent, une opportunité de retrouver leur statut de mère nourricière qu’elles n’ont pas pu être durant leur périple depuis le départ de leur terre natale.

L’inter association est très forte à Calais.

L’antenne du Secours Catholique, animée par Juliette et son équipe, (ils sont une quinzaine) accueillent chaque semaine trois après-midi, 400 à 1200 personnes exilées. La semaine qui précédait notre passage, ils avaient organisé un festival « Fabrique d’agirs » qui avait réuni des acteurs exilés autour de la solidarité, de la recherche, des arts. Au travers de tables rondes, d’ateliers d’expositions et de projections, il s’agissait d’imaginer ensemble des agirs en commun ; moment fort et très engageant pour toute l’équipe qui malheureusement a dû faire face à un moment de violence dans les dernières heures du festival (concert) entrainant, pour « marquer le coup », la fermeture de l’accueil de jour pour une semaine, tout en organisant des échanges dans les différents campements des personnes migrantes, pour en discuter.

La réouverture de ce lieu d’accueil a été décidée par toute l’équipe du Secours Catholique lors de leur « Tea time », temps hebdomadaire de relecture de leur semaine où nous étions présents ce jour-là. Ces permanents du Secours Catholique ont un professionnalisme évident et la volonté de mettre les bénévoles et les migrants au cœur des processus de décision.

L’après-midi, nous sommes allés à la rencontre des personnes migrantes au travers d’un « temps de recharge » pour leurs batteries de téléphone. L’un d’entre eux s’est présenté à travers ses talents de dessinateur et, évoquant sa tentative de prochaine traversée, a insisté sur le fait qu’il ne craignait pas cette traversée de la Manche, ayant déjà risqué sa vie maintes fois en Syrie, son pays d’origine.  Ce qui comptait pour lui était de pouvoir venir en aide à sa famille réfugiée au Liban. La migration n’est pas qu’une démarche individuelle. Ces personnes exilées restent déterminées dans leur projet d’avenir. Malgré les conditions infernales dans lesquelles ils se trouvent, avec une énergie positive, ces jeunes syriens se sont mis à danser selon la tradition de leur pays et à nous apprendre quelques pas de danse au bord du canal : un morceau de paradis !

Deux professionnels d’Utopia 56, Julia et Thomas nous ont reçus malgré leur grande fatigue : Ils maraudent sur les plages jour et nuit (entre Calais et Grande Synthe, voire plus loin) pour venir en aide aux naufragés (thé et café chauds, habits secs, liens pour les mineurs avec les services de protection français, essai souvent difficile de trouver un abri pour une fin de nuit, une paroisse aide quand elle peut). La visite de leur hangar qu’ils partagent avec d’autres associations, ne peut laisser indifférent. Là sont rassemblées des affaires et denrées nécessaires que toutes familles devraient avoir mais qui vont pouvoir aider ces familles démunies de tout.

En fin de journée, retour sur Arras et, le lendemain matin, rencontre avec Mgr Olivier Leborgne, empreinte d’une très grande simplicité, sans langue de bois, et avec beaucoup de chaleur humaine. Elle était sans doute marquée par cette réalité si douloureuse que vivent les migrants et qui nous questionne chacun profondément.Cet évêque attentif à ce qui se vit sur son diocèse nous a rappelé que « le Seigneur est rentré dans l’humanité par l’exil et c’est son choix ». Il nous a aussi précisé comme évêque, qu’il était vigilant à toutes les précarités et pas seulement à celles des migrants. Nous sommes repartis à Calais avec ce rappel : « La charité n’est pas la conséquence de l’eucharistie mais son accomplissement ».

« On n’arrive pas à changer la situation politique mais on peut vivre avec eux »

La Maison Maria Skobtsova, située dans un quartier populaire de Calais, refuge pour des migrants vulnérables (femmes et enfants, femmes seules), lieu de répit dans l’esprit des maisons d’hospitalité de Dorothy Day et de Sainte Maria Skobtsova, animée là encore par des bénévoles. Trésors d’humanité chez les volontaires et les accueillis rencontrés. « Je vais au bout de ce que je peux faire et le Seigneur fera le reste » nous confie Patricia, co fondatrice avec son mari, de cette maison et d’ajouter : « c’est moins de la charité que de rendre justice ». Barbara, jeune volontaire partage « Je ne suis pas chrétienne techniquement mais je suis guidée par « Que ta volonté soit faite, non la mienne », c’est un cadeau d’être ici ! » Un couple d’américains qui succède à Patricia rentre aux USA cet été pour témoigner « de ce qui se vit ici et donner envie à des volontaires de donner du temps et de l’amitié ».

« S’effacer et mettre en responsabilité »

L’après-midi, rencontre à la Maison Ephata, lieu d’accueil anciennement tenu par Philippe Demeester s.j. et aujourd’hui confié par l’évêque d’Arras à des prêtres scalabriniens (Fondée au XIXe siècle, cette communauté a pour vocation de venir en aide aux migrants). Plusieurs migrants ont pu se poser, trouver le gite et le couvert en étant accompagnés fraternellement par deux jeunes bénévoles et cette équipe de prêtres. Messe d’action de grâce dans leur paroisse avant de quitter Calais.

Dans le train du retour, c’est le temps de partager ce qui nous habite.  Nous avons été frappés par le maillage associatif sur Calais et jusqu’en Angleterre, les liens qui unissent volontaires et professionnels (confessionnels ou pas).  Nous avons aussi été très choqués par les moyens déployés par l’État pour empêcher les personnes migrantes à la fois de partir de Calais (accord du Touquet avec la GB interdisant la traversée de la Manche) et d’y rester. Choqués aussi par la militarisation de ce territoire, le non-respect de la dignité humaine par les pouvoirs publics qui agissent parfois en marge de la légalité, du traitement inhumain de ces personnes qui ont le tort de vouloir vivre libres et dans la dignité.

Si Dieu est présent à Calais, les droits de l’homme ne le sont plus tout à fait.

Comment peut-on « prendre une part » pour aider ?

  • Témoigner de ce qui se vit là-bas.

Devenir bénévole dans ces associations pour 15 jours ou plus longtemps. Des séminaristes l’ont été. (Secours catholique, Maison Maria Skobtsova, Utopia 56)

  • Envoyer des vêtements en très bon état (enfants, femmes et hommes).
  • Faire un don financier.

La commission « migrants et réfugiés » des diocèses d’Ile de France

Des barbelés autour de Calais

Des barbelés autour de Calais

Recharge de téléphones sous la pluie

Recharge de téléphones sous la pluie